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Photo du rédacteurClément Barré

Une moisson toujours en manque d'ouvrier - homélie du 14ème dimanche du TO (année C)

Dernière mise à jour : 21 juil. 2022

Référence des textes : Is 66, 10-14c ; Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20 ; Ga 6, 14-18 ; Lc 10, 1-12.17-20


De quand dateriez-vous le début de la crise des vocations dans l’Eglise ? 1950 ? 1970 ? 2000 ? l’évangile nous montre qu’elle remonte bien avant à Jésus lui-même : « La moisson est abondante et les ouvriers peut nombreux ! » Jésus lui-même se désole de manquer d’ouvrier devant l’immensité de la tâche à accomplir. Cela peut nous rassurer, d’une certaine manière parce que dès les premiers temps de l’annonce de l’évangile, l’Eglise a ressenti cette tension, ce manque de main d’œuvre pour le travail apostolique et donc notre situation n’est ni nouvelle, ni étonnante.


C’est que la question des vocations, quelles qu’elles soient, n’est pas une question de valeur absolue : qui serait capable de dire le nombre de prêtres nécessaire à la vie de l’église. Le nombre de moines ou de religieux suffisant pour porter la mission de l’Eglise dans la prière… L’enjeu n’est pas d’avoir le personnel suffisant pour encadrer la vie des chrétiens. L’église n’est pas un camp de jeunes qui devrait avoir son quota d’animateurs BAFA pour le bon déroulement de ses activités.


Si le Christ ressent avec une telle urgence le besoin de faire se lever des ouvriers pour la moisson c’est par ce que le désir ardent qui consume son cœur est « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1tm 2,4). Bien sûr, il faut le répéter sans cesse, l’annonce de l’évangile n’incombe pas au seul prêtre. Tous les baptisés sont engagés ensemble dans la mission de l’Eglise. Mais le ministère des prêtres est absolument essentiel à la communication du salut à tous les hommes.


Si une seule âme venait à se damner par manque d’ouvrier pour lui conférer les moyens du salut (au premier desquels figure les sacrements de l’Eglise), ce serait une perte immense pour le Royaume et nous tous, chrétiens, baptisés à qui le Seigneur à confier la charge de la propagation de la foi aurions à répondre de cette perte. Et de même, si un seul baptisé venait à passer à côté de l’appel spécifique que lui adresse le Seigneur alors c’est une place dans l’église qui demeurerait à jamais inoccupé.


La question du manque de prêtres n’est pas une crise de l’encadrement, ou une crise de l’engagement. Ce n’est pas non plus un signe des temps, l’occasion d’inventer des nouveaux modèles de vie ecclésiale. C’est une question qui touche au cœur même de la mission et de la vie de l’Eglise, qui concerne sa capacité à porter le salut du Christ aux hommes. L’enjeu est double : permettre à chaque homme de recevoir le Salut en Jésus Christ d’une part, et d’autre part permettre à chaque baptisé d’accomplir ce pourquoi il est appelé par le Christ.


Frères et sœurs, il nous faut bien comprendre que ce n’est pas une question secondaire de la vie de l’Eglise, c’est un sujet crucial. Un signe de cela est qu’il n’est pas courant dans l’évangile que Jésus nous dise lui-même ce que nous devons demander dans la prière : il le fait dans le Notre Père, quand il nous dit de demander l’Esprit Saint à son Père, à Gethsémani quand il nous commande de prier pour ne pas entrer en tentation et ici pour demander au Père d’envoyer des ouvriers à sa moissons.

Deux conséquences à tirer de cela. L’une sur la nature de la vocation presbytéral, l’autre sur le sens de la prière de demande.


- Le Christ nous enseigne que les vocations viennent de Dieu, et Dieu appel qui il veut. Ni les meilleurs, ni les plus fort, ni les plus aptes, ni ceux que nous voulons... mais ceux que lui veut. Regardez Pierre et Paul que nous avons célébré mercredi, ou Thomas que nous commérons aujourd’hui. Le ministère presbytéral comme toute vocation vient de l’initiative libre et absolu de Dieu. Nous devons absolument résister à cette tentation (qui transparait dans la synthèse synodale nationale) de fabriquer nos propres vocations en fonctions de ce que nous croyons être notre besoin, il appartient à Dieu et uniquement à lui de nous envoyer les pasteurs qu’il désire nous donner.

- D’autre part Jésus nous dit qu’il faut prier, demander ces ouvriers au Père pour qu’ils nous les envois. Vous le savez frères et sœurs, la prière d’intercession n’a pas pour but de changer le cœur de Dieu, de le convaincre de nous donner quelque chose qu’il retiendrait pour lui. Si nous prions, si nous demandons c’est pour que notre cœur soit disposé à recevoir ce que Dieu veut lui donner. Le manque de vocation ne vient donc pas d’un manque d’appel, le problème n’est pas du côté de Dieu mais bien d’un défaut dans les modalités de sa réception.


On s’amuse souvent à dire que les vocations c’est comme le TGV, tout le monde est pour quand ça passe chez les autres. Quand nous prions pour les vocations que demandons-nous? Comment les demandons-nous? « Seigneur donne nous des prêtres, mais pas moi parce que j’ai d’autre projet », « Seigneur donne des saints prêtres à ton église, mais pas mon fils car il va faire de belles études, une belle carrière et me donner plein de petits enfants » « Seigneur donne des prêtres à ton église, mais pas untel parce qu’il est un peu trop tradi (ou un peu trop progro) »…


Prier pour les vocations, demander à Dieu des prêtres, des consacrés, des couples chrétiens doit nous conduire à créer dans nos familles, dans nos écoles, dans nos paroisses, dans nos mouvements, bref dans toutes l’Eglise les conditions qui permettent à ses vocations de résonner et de s’épanouir.

Amen

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