Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire (17/10/2021)
Lectures de la messe :
Is 53, 10-11
Psaume 32
He 4, 14-16
Mc 10, 35-45
Cher frère et sœur,
Quand vous étiez enfant, que rêviez-vous de devenir ? que vouliez vous faire de votre vie ? Quand on pose cette question à un enfant, nous sommes souvent émerveillés par les réponses : chevalier, princesse, super-héros, vétérinaire, pilote de chasse, pirate, Jedi, magicien… L’imagination déborde et ne manque pas. Posez la même question aux même enfant 15 ans plus tard, les réponses seront sans doute bien différentes : web-marketer, ingénieur, contrôleur qualité, huissier de justice… Et si, bien entendu il n’y a rien de mal à exercer aucune de ses professions vous admettrez que si la réponse a gagné en réalisme, elle a perdu en poésie.
De la même manière si vous demandez à un jeune séminariste dans ses premières années ce qu’il espère de sa vocation il vous répondra volontiers qu’il rêve d’être comme le curé d’Ars ou saint Vincent de Paul. Si vous posez la question à un jeune diacre tout juste ordonné, il vous répondra : « déjà être fidèle, pour le reste faire ce que je peux ». Sagesse ou désillusion ? Sommes-nous condamné avec l’âge à devenir prudent, blasé, raisonnable … mais de cette raison cynique des grandes personnes qui rigole d’un air narquois quand l’enfant lui rêve de devenir un héros, une magicienne, un prince ou une guerrière.
« Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Quelle audace ils ont ces fils du tonnerre ! Une audace qui n’est pas sans rappeler celle du jeune homme dont la rencontre avec Jésus nous était racontée la semaine dernière et qui demandait « que faut-il faire pour avoir la vie éternelle » ?
Elle est belle cette audace de ces jeunes hommes qui aspirent aux choses les plus hautes, aux places les plus élevés. Jacques et Jean n’aspirent pas à un pouvoir sur les autres, à la richesse, à la gloire terrestre, non, ils ont l’audace de demander à Jésus bien plus que cela, le plus haut degré de la sainteté, bien qu’ils ne sachent pas vraiment ce que cela représente.
Jésus d’ailleurs ne disqualifient pas ce désir de grandeur des fils de Zébédée, il ne s’en moque pas, ils ne leur reprochent pas cette audace et cette ambition. Mais il la réoriente : Ce que vous désirez tant vous ne pourrez l’obtenir que d’une seule manière : en buvant la coupe que je vais boire, en étant baptisé du baptême dont je vais être baptisé. C’est-à-dire en étant associé au mystère pascal, à la mort du Christ et à sa résurrection. En marchant dans les pas du serviteur souffrant de la première lecture. Suivre Jésus dans son abaissement pour participer à sa glorification :
Le chemin de l’exaltation c’est le chemin de la croix.
Frères et sœur, c’est cela le chemin des disciples du Christ. Nous ne devons pas nous contenter de moins ! Ne nous satisfaisons pas des petites gloires mondaines ! De ces glorioles raisonnables et sages que le monde nous propose. A bas notre prudence ! A bas notre sagesse ! Epousons la folie de la croix ! Notre désir, notre rêve c’est cette gloire que le Christ nous offre : devenir comme lui, nous laisser transformer par lui, pour être avec lui pour l’éternité.
Si Jésus nous dit souvent que le Royaume de Dieu appartient aux enfants, ce n’est pas pour rien : la spiritualité de l’enfance, c’est vouloir très sérieusement construire un château fort, très sérieusement trouver le Graal, aller sur la lune… et c’est en vieillissant qu’on commence à calculer, qu’on devient plus raisonnable, et qu’on passe à côté de notre identité d’enfant de Dieu fait pour la Gloire. Le cœur s’endurcit à mesure qu’on se prend au sérieux.
Ce désir, cette audace, cette ambition même, nous devons aussi l’avoir pour l’Eglise. Aujourd’hui s’ouvre dans le monde entier le synode « Communion, Participation, Mission ». Un synode qui va se pencher sur la réalité de ce que vit l’Eglise. Bien sûr, le rapport de la CIASE est dans tous les esprits, et peut être que l’horreur des affaires de pédophilie dans le sein de l’Eglise nous sidère et nous pousse à la prudence, à la retenue.
Il ne doit pas en être ainsi, nous devons porter une haute ambition pour l’Eglise mais non pas l’ambition d’un triomphe à la manière du monde, l’ambition d’une Eglise qui écrase par son pouvoir et règne en maître sur les hommes. Non, une ambition à la manière de Jacques et Jean, une ambition surnaturelle. Que l’Eglise signifie pleinement ce qu’elle est : l’épouse immaculé du Christ. C’est justement l’ampleur de l’horreur, du mal, que nous découvrons qui doit nous faire placer la barre haute pour l’Eglise et pour nous ! La sainteté ou rien.
Ne manquons pas ce rendez vous du synode frères et sœurs, il ne s’agit pas de faires s’affronter des camps : progressistes d’un côté, tradis de l’autre. Clercs d’un côté, laïcs de l’autre. Hommes d’un côté, femmes de l’autre. Il s’agit de se mettre ensemble, tous ensemble, à l’écoute de l’esprit Saint, en renonçant à nos idées préconçus à nos préjugés, pour que l’Eglise deviennent toujours d’avantage servantes, esclave de tous car elle a été fondée par le Christ non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude !
Amen
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